Les 243 fables écrites par Jean de La Fontaine et publiées en trois recueils, entre 1668 et 1694, constituent le corpus de littérature classique le plus connu en France, quel que soit l’âge du lecteur. En mettant en scène des animaux anthropomorphes et en constatant systématiquement une morale explicite ou implicite, ces fables ont nourri autant l’enseignement de la République comme l’enseignement libre des Jésuites que l’imaginaire populaire collectif, donnant à nos générations un tableau réaliste du Grand Siècle.
Il est donc assez évident que, peignant la société de son temps, La Fontaine en vienne à décrire de ci de là la justice, les hommes de loi et plus généralement, esquisse le droit dans nombre de ses fables.
Si la morale peut faire office de justice parfois, ici elle rééquilibre les rapports de force entre les gens, pour notre fabuliste. La société qu’il peint est celle d’un état de nature puis d’un état social déraisonnables où le droit ne peut véritablement s’édicter, c’est un état de l’Humanité et un État politique régis par les rapports violents qui trouvent systématiquement leur résolution dans la violence même, mais c’est aussi un rêve : celui d’une société dans laquelle la violence brutale et naturelle serait soumise à l’apparition d’une autre valeur naturelle, la raison, écrit Christian Biet, dans La justice dans les Fables : La Fontaine et le «droit des gens». In: Le Fablier. Revue des Amis de Jean de La Fontaine, n°4, en 1992, article sur lequel nous nous appuierons pour cette émission spéciale Jean de La Fontaine et le Droit ; sans oublier bien entendu La littérature française et le droit, Anthologie illustrée : Du roman de Renart à Camus, de Claire Bouglé-Le Roux, publié chez LexisNexis.
L’évidence de la présence de la matière juridique dans les Fables vient sans doute aussi du fait que notre auteur était de la partie ! Comme nombre de ses contemporains, La Bruyère par exemple, La Fontaine entreprend des études de droit à Paris pour obtenir, en 1649, un diplôme d’avocat au Parlement de Paris. Son ami d’enfance n’est autre que François de Maucroix, poète, chanoine et néanmoins avocat, rencontré sur les bancs de l’école à Château-Thierry.
Crédits :
- Extrait de la Marche pour la cérémonie des Turcs, Jean- Baptiste Lully, 1670
- Extrait des Folies d’Espagne, Jean- Baptiste Lully, 1672
- Monsieur de La Fontaine, Anne-Sylvestre, 1997
- Plusieurs extraits de fables, Les AudioLivres
- Plusieurs extraits de fables, Mon Livre Audio
- Extrait de fable, Papa te Raconte
- Extrait de Taxi, Gérard Pirès, 1998
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