« Éloignez de vous ce sentiment pusillanime ; toutes nos actions, et surtout celles du libertinage, nous étant inspirées par la nature, il n’en est aucune, de quel qu’espèce que vous puissiez la supposer, dont nous devions concevoir de la honte ; allons, Eugénie, faites acte de putanisme avec ce jeune homme ; songez que toute provocation, faite par une fille à un garçon, est une offrande à la nature, et que votre sexe ne la sert jamais mieux, que quand il se prostitue au nôtre ; que c’est en un mot, pour être foutue, que vous êtes née et que celle qui se refuse à cette intention de la nature sur elle, ne mérite pas de voir le jour. Rabaissez vous-même la culotte de ce jeune homme jusqu’au bas de ses belles cuisses ; roulez sa chemise sous sa veste ; que le devant… et le derrière qu’il a, par parenthèse, fort beau ; se trouve à votre disposition… Qu’une de vos mains s’empare maintenant de cet ample morceau de chair qui bientôt, je le vois, va vous effrayer par sa forme et que l’autre se promène sur les fesses, et chatouille, ainsi, l’orifice du cul… oui, de cette manière, (pour faire voir à Eugénie ce dont il s’agit, il socratise Augustin lui-même), décalotez bien cette tête rubiconde ; ne la recouvrez jamais en polluant, tenez-la nue… tendez le filet, au point de le rompre… Eh bien ! voyez-vous déjà les effets de mes leçons… Eh toi, mon enfant, je t’en conjure, ne reste pas ainsi les mains jointes, il n’y a-t-il donc pas là de quoi les occuper ; promène-les sur ce beau sein, sur ces belles fesses ».
Une énième histoire de fesse prétexte à intellectualisation ? Sade, c’est déjà de la dynamite, La philosophe dans le boudoir c’est de la philosophie nucléaire… et vous ne croyez pas si bien dire… écoutez plutôt :
« Je conviens que l’on ne peut pas faire autant de lois qu’il y a d’hommes ; mais les lois peuvent être si douces, en si petit nombre, que tous les hommes, de quelque caractère qu’ils soient, puissent facilement s’y plier. Encore exigerais-je que ce petit nombre de lois fût d’espèce à pouvoir s’adapter facilement à tous les différents caractères ; l’esprit de celui qui les dirigerait serait de frapper plus ou moins, en raison de l’individu qu’il faudrait atteindre. Il est démontré qu’il y a telle vertu dont la pratique est impossible à certains hommes, comme il y a tel remède qui ne saurait convenir à tel tempérament. Or, quel sera le comble de votre injustice si vous frappez de la loi celui auquel il est impossible de se plier à la loi ! »
Et voilà Sade jeter les bases de notre droit actuel… non pas celui né de la philosophie des lumières, non pas celui de Tronchet et de Portalis ; non Sade a vaincu Kant et l’insociable sociabilité ; il a placardisé Rousseau et son contrat social ; il s’est vengé des cachots de Napoléon, en refondant les droits de l’Homme… nouveau… ce n’est pas moi qui le dit, c’est François Ost, c’est Bernard Edelman… "Voltaire s'en prend à la religion, Jean-Jacques (Rousseau) à la société, Diderot à la morale. Et Sade à tout à la fois ".
Crédits :
- Ennio Morricone, Salo ou les 120 jours de Sodome
- W A Mozart, l’ouverture de Don Giovanni
- Marquis de Sade, Wanda's Loving Boy (1981)
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