Cette intervention a initialement été diffusée sur la chaîne Youtube Lex TV :
A_nTJcu6bV0
"L'euthanasie, et je l'intitule : l'exception française et la désunion européenne. Aujourd'hui, la France demeure un des rares pays européens qui refuse d'admettre l'euthanasie. On refuse toujours dans le pays des droits de l'Homme, on refuse toujours à un tiers, le droit de mettre fin à la vie d'une personne, même si le but est d'abréger ses souffrances. L'euthanasie demeure juridiquement un homicide volontaire. Notre droit permet seulement pour les personnes dont la mort proche est très probable, qu'on puisse leur prodiguer des soins palliatifs. Quand des soins curatifs seraient privés de tout intérêt. Et pour leur épargner ainsi 'obstination déraisonnable inhérente à l'acharnement thérapeutique et on reconnaît à ces malades le droit de s'opposer à une thérapie. Une loi dite loi Leonetti, de celui qui l'a initiée relative à la fin de vie des personnes
en phase terminale, dispose qu'un traitement médical peut être arrêté ou que peut lui être substitué un traitement qui peut avoir pour effet d'abréger leur vie à la condition que soit sauvegardée leur dignité et assurée la qualité de leur fin de vie. En somme, notre droit refuse
de reconnaître à chacun d'entre nous la liberté de choisir le moment et le moyen de savoir. Il convient de savoir que, saisie par une association suisse qui milite pour le droit à choisir sa fin
de vie, la Cour constitutionnelle allemande a jugé en 2020 que le droit de mettre fin à sa vie de manière indépendante fait partie des droits fondamentaux, du droit fondamental de la
personnalité et de la dignité humaine. Cette association, qui a déjà accompagné jusqu'à la mort
plusieurs dizaines de résidents français en Suisse, entend saisir via une QPC, la question prioritaire de constitutionnalité, le Conseil constitutionnel français QPC qui demande la censure.
Les articles du Code de la santé publique qui font obstacle sans admettre la moindre exception
qui permettrait à chacun de choisir sa fin de vie et punissent de prison ceux qui apportent leur concours à un tel choix. D'aucuns considèrent qu'au regard de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui accorde une place de plus en plus importante au droit à la dignité, pourrait être exploitée pour mettre fin à une loi qui conduit à une fin de vie
indigne et pénible et qui, ce faisant, portent atteinte aux droits de la personne, au respect de sa vie privée, droit protégé par la CEDH. Quant au préambule de la Constitution, il affirme que la sauvegarde de la dignité de la personne contre toute forme de dégradation constitue un principe
à valeur constitutionnelle.
Nous verrons, si le Conseil constitutionnel considère que le droit à mourir dignement, car librement, en constitue une illustration. Quant à la pénalisation de ceux qui aident une personne à mourir librement et dignement, elle paraît contraire aux principes constitutionnels de fraternité.
Principe rappelé par le Conseil constitutionnel en 2018, principe qui, selon le Conseil constitutionnel, s'entend de la liberté d'aider autrui dans un but humanitaire.
Tant que le Conseil n'aura pas statué et que le Parlement ne se sera pas enfin décidé de voter une loi donnant et garantissant une fin de vie libre et choisie, on peut craindre que se développe un marché européen de l'euthanasie, marché lucratif et dépourvu d'éthique.
On risque de voir se développer une entrée en masse des citoyens français dans les pays de l'Union européenne qui admettent l'euthanasie. On se souvient peut-être à une certaine époque,
dans les mêmes conditions, c'est un même voyage que faisaient des femmes pour recourir à l'avortement.
Alors ce qui se faisait à cette époque pour la liberté de choisir,
de donner la vie, pourrait se faire aussi désormais pour la liberté de se donner la mort.
L'avenir nous le dira."
Modifier le commentaire