Aujourd’hui : Daredevil, alias « Matt » Murdock, avocat le jour, justicier la nuit ; héros créé par Stan Lee et Bill Everett en 1964, super star de la firme Marvel Comics.
Daredevil est un justicier à part dans l’armada des héros aux super pouvoirs de Marvel ; non pas parce qu’il est aveugle (d’autres Marvels le sont aussi comme Tandy Bowen du tandem La Cape et L’Épée), ni parce qu’il est avocat -encore que, si l’on excepte She-Hulk avocate également- mais parce ce qu’il est le héros justicier qui s’affranchit le moins de la règle de droit et qui, par sa profession, le jour, dans le civil dirions-nous, fait son maximum pour ne pas être hors le droit et tente véritablement, du moins un temps, de jouer le jeu avec les forces de police de Hell's Kitchen, l’un des quartiers de Manhattan à New York où il est né et où il vit, pour arrêter et mettre hors d’état de nuire les criminels.
Alors certes les os des super vilains craquent sous les coups effrénés du vigilante masqué, mais l’on sent que Daredevil ne veut pas punir en dehors du cadre légal ; sauf à ce que la morale qui conduit l’action de notre justicier et la loi soit véritablement tangentes. A l’heure où l’idée de justice est supérieur au droit, où des pétitions de militaires en appellent à l’action contre le supposé laxisme de la justice dispensée par l’Etat, où les forces de l’ordre manifestent pour critiquer ce même laxisme des magistrats, où les réseaux sociaux font naître des justiciers anonymes tous les jours, redresseurs de tort selon une morale qui leur ait propre et une justice toute aussi privée… Daredevil est un personnage juridique parce qu’avocat ET justicier intéressant car il n’est pas manichéen, comme le Punisher par exemple, mais s’efforce de faire appliquer le droit… avant d’en venir aux mains, ou de défenestrer les caids et autres malfrats.
C’est que Daredevil, aveugle, dans son costume pourpre et noir n’est ni plus ni moins qu’une allégorie… de la déesse Thémis elle-même ! Celle qui tient le glaive et la balance sur les frontons de nos tribunaux : déesse aveugle et impartiale qui frappe, à l’image de Daredevil, ceux qui sème le chaos dans l’Univers… pour rétablir un ordre juste. Sauf que… sauf qu’au fil des aventures du héros à la canne blanche, ce dernier se fait de plus en plus justice à lui-même et ne rend pas forcément justice au nom de l’intérêt général. Et cette déviance, dans les comics comme dans les séries qui lui sont consacrées, est très bien expliquée par la noirceur, la part d’ombre d’un personnage, que l’on présente, sans pudeur, comme un dépressif chronique : c’est la mentalisation et l’égo de Daredevil, qui troublent son jugement et vicient son action de justicier pourtant, ab initio, calé sur la loi et sur le droit.
Alors qui est Daredevil ?
Crédits :
- Extraits de Daredevil, série créée par Drew Goddard, 2015
- Opening overture de Daredevil (la série), composée par John Paesano, 2015
- Bring me to life (Daredevil Soundtrack), Evanescence, 2003
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