Cet épisode est un best of de tous les autres épisodes consacrés à Astérix.
Lorsque l’on m’a demandé d’intervenir lors d’une conférence sur l’égalité femme-homme à l’Université de Rouen en 2016, c’est affalé dans un canapé en vieux cuir de l'âge canonique de ces albums d'Astérix qui se présentaient devant moi qu’après un éditorial sur les vessies, les lanternes, l'illusion et la manipulation documentaire, Astérix et le devin me paraissait des plus opportuns pour entamer ma quête de quiétude. A priori, pas de raison d'être happé par l'actualité juridique estivale, souvent riche de la précipitation avec laquelle nos Parlementaires souhaitent clore nombre de débats, avides de faire un break, il est vrai de plus en plus raccourci par des sessions qui n'ont plus d'extraordinaires que le nom. Bref, tout se passait pour le mieux : je retrouvais le trait réaliste d'Uderzo et les bons mots des bulles du conteur Goscinny, quand, "patatras" -le droit se nichant en tout et partout-, je vis pour la première fois, dans la série, les femmes boire de la fameuse potion magique qui rendait les hommes du village si "supérieurs". On est en 1972, juste après la libéralisation de mai 68, et 10 ans après ses premiers pas, l'égalité homme-femme faisait son entrée dans Astérix, au même titre que l'ensemble des autres libertés fondamentales qui jalonneront la série : d'aucuns n'estiment-ils pas que "La France des Lumières est tout entière dans Astérix" comme l'écrivait Nicolas Rouvière, Maître de conférences en littérature française et didactique de la littérature. Dès lors, l’idée de passer en revue chaque album de la série pour y déceler les aspérités juridiques m’a semblé intéressante.
Alors, soyons honnête sur le sujet : 30 % des aventures ne recèlent aucune référence explicite ou latente à un quelconque point de droit, si l’on excepte le fait que tout rapport social est le fruit d’un rapport juridique, et que tout pourrait être droit dans les aventures d’Astérix, de ce simple fait (Le tour de Gaule d’Astérix ; Astérix chez les bretons ; Astérix et les normands ; Astérix légionnaire, Le bouclier Arverne, Astérix en Hispanie, La zizanie, L’odyssée d’Astérix, Astérix chez Rahazade, La rentrée Gauloise, Le ciel lui tombe sur la tête, L’album anniversaire).
Mais, la majorité d’entre elles recèle bien, à grand trait, une vision, parfois un fantasme, des rapports juridiques au sein du village, comme avec les romains ou ces peuples si exotiques que les héros rencontrent au cours de leurs péripéties.
Alors, certains domaines du droit sont plus à l’honneur que d’autres : le droit public et notamment la gouvernance, la commande publique et le droit de l’urbanisme sont plusieurs fois évoqués et dans divers albums (Astérix en Corse, Le grand fossé, Le cadeau de César ou encore le Domaine des Dieux). Il en va également ainsi du droit fiscal et du consentement à l’impôt (Astérix et le chaudron, Astérix chez les Helvètes, Astérix en Corse ou encore Astérix et les Goths) comme du droit des étrangers et du droit d’asile (Astérix le Gaulois, Astérix chez les belges, La galère d’Obélix ou bien Astérix chez les pictes). Plus étonnant, et peu couru, le droit des affaires et la concurrence sont également une facette des rapports juridiques développée par Goscinny et Uderzo (Astérix et la serpe d’or, Obélix et compagnie, Astérix le Gaulois, mais aussi Astérix, le gladiateur ou Astérix chez les Helvètes) ; idem, mais dans une moindre mesure pour le droit du travail et les droits collectifs (Astérix et Cléopâtre et Astérix et la grande traversée). On a vu que l’égalité femme-homme est une dynamique forte de la série (Le devin, La rose et le glaive), au même titre que les libertés publiques dans leur ensemble (Le papyrus de César et Astérix et Latraviata). Parent pauvre, mais présent toutefois dans Le fils d’Astérix, quelques développements relevant du droit de la famille naturellement. Reste la caricature de l’avocat dans Les lauriers de César, un portrait presque à la Daumier de la profession où l’art oratoire constitue l’alpha
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