![Sérotonine, Michel Houellebecq et le droit - « Il n'y a certainement aucun secteur de l'activité humaine qui dégage un ennui aussi total que le droit » sentence Michel Houellebecq à la 147ème page de son dernier roman, paru chez Flammarion, en janvier 2019 : Sérotonine, après avoir évoqué le rôle du héros/narrateur dans la défense des AOC.
A priori, la messe est dite : Houellebecq et le droit ne font pas bon ménage ; pis encore, on pourrait croire que le premier dès lors ignore le second ; alors que la chronique judiciaire nous apprend que la réciproque est fausse.
Alors, après Rémy Cabrillac, signant un singulier éditorial du vénéré Recueil Dalloz daté du 7 février 2019, et portant l’estocade fatale « non, le droit n’est pas une activité : la finesse du raisonnement et de l'analyse juridique ou la pratique de la disputatio […] font du droit un art et une science plus qu'un secteur d'activité » et montrant comment l’auteur de Sérotonine truffe son roman d’assertions ou de concepts juridiques ; mais plus encore après Nicolas Dissaux, l’estimable fondateur de la revue Droit et Littérature, qui dans Houellebecq un monde de solitudes, paru aux éditions L’Herne en début d’année, développe la thèse d’un Houellebecq contre l’individu des droits de l’Hommes en ce que ces droits divisent désormais les hommes, et celle d’un Houellebecq contre la mort évoquant tour à tour la cryogénisation, le clonage, mais aussi l’essor religieux et la mémoire de l’auteur,
Que diable suis-je aller faire dans cette galère ?
C’est que, voyez-vous, comme l’analyse juridique chez Sade nous réserve certaines surprises, notamment quant à son empire sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme, comme nous avons pu l’entrevoir le mois dernier dans notre émission, a contrario c’est bien parce que Sade a gagné que Houellebecq se méfie, pour ne pas dire plus, des droits de l’Homme ; c’est bien parce que le droit est devenu une technique normative que Houellebecq en fait l’apanage d’un capitalisme broyeur triomphant. Lui l’auteur éthique.
Crédits :
- Jean-Louis Aubert feat. Michel Houellebecq, Isolement
- Extrait du film « Extension du domaine de la lutte », La discothèque, Philippe Harel, 1999
- Extrait de l’entretien « Le tête à tête » Frédéric Taddei/Michel Houellebecq 2013
- Extrait de l’interview Patrick Cohen/Michel Houellebecq sur France inter 2012 Sérotonine, Michel Houellebecq et le droit](/attachments/images/broadcast/87/image.png)
Sérotonine, Michel Houellebecq et le droit ( CHRONIQUE : "IL ETAIT UNE FOIS... LE DROIT, SA VIE, SON OEUVRE" )
« Il n'y a certainement aucun secteur de l'activité humaine qui dégage un ennui aussi total que le droit » sentence Michel Houellebecq à la 147ème page de son dernier roman, paru chez Flammarion, en janvier 2019 : Sérotonine, après avoir évoqué le rôle du héros/narrateur dans la défense des AOC.
A priori, la messe est dite : Houellebecq et le droit ne font pas bon ménage ; pis encore, on pourrait croire que le premier dès lors ignore le second ; alors que la chronique judiciaire nous apprend que la réciproque est fausse.
Alors, après Rémy Cabrillac, signant un singulier éditorial du vénéré Recueil Dalloz daté du 7 février 2019, et portant l’estocade fatale « non, le droit n’est pas une activité : la finesse du raisonnement et de l'analyse juridique ou la pratique de la disputatio […] font du droit un art et une science plus qu'un secteur d'activité » et montrant comment l’auteur de Sérotonine truffe son roman d’assertions ou de concepts juridiques ; mais plus encore après Nicolas Dissaux, l’estimable fondateur de la revue Droit et Littérature, qui dans Houellebecq un monde de solitudes, paru aux éditions L’Herne en début d’année, développe la thèse d’un Houellebecq contre l’individu des droits de l’Hommes en ce que ces droits divisent désormais les hommes, et celle d’un Houellebecq contre la mort évoquant tour à tour la cryogénisation, le clonage, mais aussi l’essor religieux et la mémoire de l’auteur,
Que diable suis-je aller faire dans cette galère ?
C’est que, voyez-vous, comme l’analyse juridique chez Sade nous réserve certaines surprises, notamment quant à son empire sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme, comme nous avons pu l’entrevoir le mois dernier dans notre émission, a contrario c’est bien parce que Sade a gagné que Houellebecq se méfie, pour ne pas dire plus, des droits de l’Homme ; c’est bien parce que le droit est devenu une technique normative que Houellebecq en fait l’apanage d’un capitalisme broyeur triomphant. Lui l’auteur éthique.
Crédits :
- Jean-Louis Aubert feat. Michel Houellebecq, Isolement
- Extrait du film « Extension du domaine de la lutte », La discothèque, Philippe Harel, 1999
- Extrait de l’entretien « Le tête à tête » Frédéric Taddei/Michel Houellebecq 2013
- Extrait de l’interview Patrick Cohen/Michel Houellebecq sur France inter 2012

Animateur Fabien Girard
A priori, la messe est dite : Houellebecq et le droit ne font pas bon ménage ; pis encore, on pourrait croire que le premier dès lors ignore le second ; alors que la chronique judiciaire nous apprend que la réciproque est fausse.
Alors, après Rémy Cabrillac, signant un singulier éditorial du vénéré Recueil Dalloz daté du 7 février 2019, et portant l’estocade fatale « non, le droit n’est pas une activité : la finesse du raisonnement et de l'analyse juridique ou la pratique de la disputatio […] font du droit un art et une science plus qu'un secteur d'activité » et montrant comment l’auteur de Sérotonine truffe son roman d’assertions ou de concepts juridiques ; mais plus encore après Nicolas Dissaux, l’estimable fondateur de la revue Droit et Littérature, qui dans Houellebecq un monde de solitudes, paru aux éditions L’Herne en début d’année, développe la thèse d’un Houellebecq contre l’individu des droits de l’Hommes en ce que ces droits divisent désormais les hommes, et celle d’un Houellebecq contre la mort évoquant tour à tour la cryogénisation, le clonage, mais aussi l’essor religieux et la mémoire de l’auteur,
Que diable suis-je aller faire dans cette galère ?
C’est que, voyez-vous, comme l’analyse juridique chez Sade nous réserve certaines surprises, notamment quant à son empire sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme, comme nous avons pu l’entrevoir le mois dernier dans notre émission, a contrario c’est bien parce que Sade a gagné que Houellebecq se méfie, pour ne pas dire plus, des droits de l’Homme ; c’est bien parce que le droit est devenu une technique normative que Houellebecq en fait l’apanage d’un capitalisme broyeur triomphant. Lui l’auteur éthique.
Crédits :
- Jean-Louis Aubert feat. Michel Houellebecq, Isolement
- Extrait du film « Extension du domaine de la lutte », La discothèque, Philippe Harel, 1999
- Extrait de l’entretien « Le tête à tête » Frédéric Taddei/Michel Houellebecq 2013
- Extrait de l’interview Patrick Cohen/Michel Houellebecq sur France inter 2012
"Sérotonine, Michel Houellebecq et le droit"
"Sérotonine, Michel Houellebecq et le droit"
CHRONIQUE : "IL ETAIT UNE FOIS... LE DROIT, SA VIE, SON OEUVRE"
Fabien Girard, Directeur de l’Information chez Lexbase, vous propose d’analyser et de décrypter, régulièrement, une oeuvre littéraire, un essai, une bande-dessinée, sous son angle juridique. Une manière d’initier chacun à ce droit forgé à travers les âges et qui innerve la pensée artistique comme la pensée philosophique de notre société.
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