
"Le Droit en personne" : Me Loursat de Saint Marc, avocat alcoolique, avocat cathodique ( CHRONIQUE : "LE DROIT EN PERSONNE" )
Aujourd’hui : Me Loursat de Saint Marc, personnage principal du roman Les Inconnus dans la maison, écrit par Georges Simenon en 1940, et adapté au cinéma par Henri Decoin, avec l’aide d’Henri-Georges Clouzot, dès 1942. C’est Raimu qui interprétera le rôle de Loursat ; Jean-Paul Belmondo reprendra le rôle dans le film L’inconnu dans la maison, réalisé par Georges Lautner, en 1992.
Hector, chez Simenon et Decoin, devient Jacques Emile Marie, chez Lautner ; il n’en reste pas moins qu’il se charge d’assurer la défense du petit-amis de sa fille, Manu, inculpé d’avoir assassiné un jeune malfrat, dans la propre maison des Loursat de Saint Marc. Ce serait une histoire sans saveur, si Loursat ne s’était pas retiré du barreau depuis 18 ans, dans le roman, à la suite du départ de sa femme, 10 ans pour Lautner, à la suite, plus tragique encore mais moins fidèle à la satire sociale de Simenon, du suicide de sa femme. Me Loursat blasé, indolent, insensible a sombré dans l’alcoolisme le plus désespéré, vivant dans le vieil hôtel particulier familial au bord du délabrement, ne parlant plus et ne voyant presque plus sa fille, qui le rend responsable de la disparition de sa mère. Qu’elle s’appelle Nicole ou Isabelle, la jeune fille élevée par la cuisinière, La Naine, ou la servante, Fine, condamne ce père fantomatique, qui n’est même plus l’ombre du grand avocat qui enchantait les prétoires avant le drame familial.
C’est l'histoire d'un homme qui affronte, dans un combat silencieux, la mesquinerie des familles, dont la sienne, la célérité d'une justice qui tient absolument à trouver rapidement un coupable et les frasques d'une jeunesse en rupture avec la bourgeoisie familiale. Le récit épouse la démarche de l’enquête que mène Loursat, d’abord pour éclaircir une affaire troublante où il se sent concerné, ensuite pour établir l’innocence de Manu et déboucher ainsi, en point d’orgue, sur un procès d’assises qui fait apparaître combien la logique de l’instruction criminelle peut être trompeuse, précisent Maurice Piron et Michel Lemoine dans l'Univers de Simenon : Guide des romans, contes et nouvelles (1931-1972). Tel Lucien Gobillot, l’avocat d’En cas de malheur, qui continuera à défendre les crapules en dépit du drame qu’il a vécu, Hector Loursat reflète le sentiment de culpabilité universelle qui semble prévaloir dans l’œuvre de Simenon. Hector Loursat aurait pu ainsi faire sienne la devise du romancier : « comprendre et ne pas juger ».
Crédit :
- Entretien avec Georges Simenon, extrait d’Une succession de cercles, sur France culture, 2018
- Extrait du film L’inconnu dans la maison, réalisé par Georges Lautner, 1992
- Extrait de la bande originale du film L’inconnu dans la maison, composée par Francis Lai, 1992
- Extrait de la bande originale du film Le corps de mon ennemi, composée par Francis Lai, 1976
- Extrait du film Les inconnus dans la maison, réalisé par Henri Decoin, 1942
- Extrait d’A jeun, chanson interprétée par Jacques Brel, composée par Gérard Jouannest, en 1967
Hector, chez Simenon et Decoin, devient Jacques Emile Marie, chez Lautner ; il n’en reste pas moins qu’il se charge d’assurer la défense du petit-amis de sa fille, Manu, inculpé d’avoir assassiné un jeune malfrat, dans la propre maison des Loursat de Saint Marc. Ce serait une histoire sans saveur, si Loursat ne s’était pas retiré du barreau depuis 18 ans, dans le roman, à la suite du départ de sa femme, 10 ans pour Lautner, à la suite, plus tragique encore mais moins fidèle à la satire sociale de Simenon, du suicide de sa femme. Me Loursat blasé, indolent, insensible a sombré dans l’alcoolisme le plus désespéré, vivant dans le vieil hôtel particulier familial au bord du délabrement, ne parlant plus et ne voyant presque plus sa fille, qui le rend responsable de la disparition de sa mère. Qu’elle s’appelle Nicole ou Isabelle, la jeune fille élevée par la cuisinière, La Naine, ou la servante, Fine, condamne ce père fantomatique, qui n’est même plus l’ombre du grand avocat qui enchantait les prétoires avant le drame familial.
C’est l'histoire d'un homme qui affronte, dans un combat silencieux, la mesquinerie des familles, dont la sienne, la célérité d'une justice qui tient absolument à trouver rapidement un coupable et les frasques d'une jeunesse en rupture avec la bourgeoisie familiale. Le récit épouse la démarche de l’enquête que mène Loursat, d’abord pour éclaircir une affaire troublante où il se sent concerné, ensuite pour établir l’innocence de Manu et déboucher ainsi, en point d’orgue, sur un procès d’assises qui fait apparaître combien la logique de l’instruction criminelle peut être trompeuse, précisent Maurice Piron et Michel Lemoine dans l'Univers de Simenon : Guide des romans, contes et nouvelles (1931-1972). Tel Lucien Gobillot, l’avocat d’En cas de malheur, qui continuera à défendre les crapules en dépit du drame qu’il a vécu, Hector Loursat reflète le sentiment de culpabilité universelle qui semble prévaloir dans l’œuvre de Simenon. Hector Loursat aurait pu ainsi faire sienne la devise du romancier : « comprendre et ne pas juger ».
Crédit :
- Entretien avec Georges Simenon, extrait d’Une succession de cercles, sur France culture, 2018
- Extrait du film L’inconnu dans la maison, réalisé par Georges Lautner, 1992
- Extrait de la bande originale du film L’inconnu dans la maison, composée par Francis Lai, 1992
- Extrait de la bande originale du film Le corps de mon ennemi, composée par Francis Lai, 1976
- Extrait du film Les inconnus dans la maison, réalisé par Henri Decoin, 1942
- Extrait d’A jeun, chanson interprétée par Jacques Brel, composée par Gérard Jouannest, en 1967
""Le Droit en personne" : Me Loursat de Saint Marc, avocat alcoolique, avocat cathodique"
""Le Droit en personne" : Me Loursat de Saint Marc, avocat alcoolique, avocat cathodique"
CHRONIQUE : "LE DROIT EN PERSONNE"
Fabien Girard de Barros, Directeur de l’Information chez Lexbase, vous propose de rencontrer régulièrement un personnage juridique qu’il soit fictif ou réel ; un de ces avocats, notaires, huissiers ou, bien sûr, magistrats, qui peuplent notre imaginaire, noircissent nos bouquins de droit ou envahissent les salles obscures.
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